Chapitre 8

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Michaël vola dans la vallée, sous une nuit absolue. Un vent glacial balayait l'herbe verte et les fleurs colorées. Il faisait si noir, et pourtant, Michaël pouvait les voir. Des ombres dans l'ombre se dressèrent autour d'el. L'instant suivant, el se retrouva dans les boyaux des monolithes. Un sable doré défila sous el. Des élohim surgirent. Michaël sanglota. El fuyait. Non, el cherchait. Mais quoi ? 

Pour avancer, tu dois reculer.

Un éclair de frustration réveilla Michaël. 

La jeune vertu se redressa dans son lit-œuf, haletant. El trembla alors qu'une crise d'angoisse s'emparait d'el. El sauta hors de son lit et se mit à tourner en rond, hyperventilant encore. El se mit à pleurer, sangloter. Après quelques minutes de chaos, Michaël parvint à se contrôler suffisamment pour prendre place devant sa coiffeuse. Du bout de ses doigts, el tissa des thaumaturgies pour nettoyer son visage rougit et dessiner par-dessus une mine imperturbée, avenante. Ses cœurs ne parvinrent pas à retrouver leur rythme normal. Michaël sortit sa boule de cristal de la poche de son uniforme et entra dans le réseau EL. Aucune nouvelle de Negara. Les messages télépathiques que lui avait envoyé la jeune vertu restaient sans réponse. Michaël déglutit, de nouvelles larmes coulant sur ses joues. El les ravala mais soudain, fut prise d'une violente nausée. Le jeune Fitzarch se pencha en avant et répandit le contenu de son estomac sur le parquet de sa chambre. 

Cling ! parmi des litres d'ichor, une boule de cristal d'apparence insolite roula sur le sol. Mon akshoka, constata Michaël. Depuis sa rencontre avec Pomiel, el ne parvenait plus à le conserver dans son corps sans avoir quelques accidents. Michaël l'attrapa, redoutant l'obligation à venir de le ravaler, de le cacher. El l'observa, l'étudia. Cet artéfact étrange avait été la boule de cristal de l'ange Miel sur Sicad. C'est le chérubin Nakirée qui l'avait confié à Michaël lors de la bataille de Sicad, juste avant que Nukvah ne frappe, éradiquant les malheureux gardiens de la planète et tout ce qui y vivait. Il y avait des informations cruciales à l'intérieur, se rappela Michaël. Cruciales pour comprendre la chute insensée de cette petite planète que les démons n'étaient pas censés attaquer. 

Michaël avait tenté d'accéder au contenu de cette boule de cristal, sans jamais y parvenir. El aurait pu se débrouiller mais... Il y avait eu la pénitence, le rituel de Burrhus pour détruire sa volonté. Ce cristal étrange avait aidé Michaël, qui s'y était "caché" ? Le jeune Fitzarch ne savait même plus. Ses souvenirs étaient à la fois très douloureux et flous. El se souvint de l'annonce de Guebourah dans le réseau, où el avait pu entrer grâce à ce cristal. Sur le Domitia, l'artéfact s'était transformé pour devenir un akshoka sous l'effet de la magie du sang de Vilanel. Depuis, Michaël s'en était servi pour devenir Miniel. Alimenté par des litres de jus de grenade psychoactif, le cristal avait donc été un outil thaumaturgique efficace. EL seul savait comment... Peu importe, cela avait fonctionné, pour un temps. 

Et maintenant...

Michaël s'était souvent imaginé remettre l'akshoka au Grand Architecte et à el seul. Le jeune Fitzarch ne faisait confiance à personne d'autre pour résoudre le mystère qui entourait Sicad. Mais à présent... Pomiel de Sicad était là. L'ancien souverain de la planète déchue. 

— Pomiel, Pomiel, souffla Michaël. Pomiel et Miel...

L'akshoka vibra. Les doigts de Michaël tressautèrent autour de la boule au creux de sa paume. El répéta :

— Pomiel ? Miel ?

L'akshoka vibra de nouveau. C'était à peine perceptible, mais les mains de Michaël étaient très sensibles, habituées à ressentir les moindres vibrations des filets qu'el tissait pour appliquer ses thaumaturgies. Le cristal réagissait au nom de Miel. Cela ne pouvait signifier qu'une chose. 

Je n'ai plus beaucoup de temps, sut alors Michaël. El avait grimpé quelques échelons depuis son nid de trafiquant de thaum. Son poste actuel était basique mais avantageux. En combien de temps pourrait-el ascendre de nouveau ? En combien de temps pourrait-el atteindre son père ? Sur le long terme, el y arriverait, mais... Michaël observa encore l'akshoka, sans oser y projeter son esprit. La chose bougeait, à peine, mais el bougeait, comme un petit œuf proche de l'éclosion.

— Vilain petit ange, soupira Michaël, les cœurs battant maintenant d'appréhension, mais aussi d'une certaine excitation. El n'oublia pas ses cauchemars et la détresse qu'ils lui infligeaient, mais el savait maintenant d'où els venaient.



— Tu es en retard, gronda Siriniel alors que Michaël passait la porte de la conciergerie. 

La grande domination trônait au milieu du back-office, hélant des ordres par-ci par-là aux vertus-concierges qui s'activaient déjà.

— Il est pile l'heure du pendu, se défendit le jeune Fitzarch. Je suis à l'heure.

— Tu dois arriver en avance ! 

— Il fallait me le dire, dit Michaël. L'heure c'est l'heure.

— Tu t’es regardé ? rétorqua Siriniel. Tu as la mine d'un ressuscité. Nos invités ne veulent pas voir ça ! Tu vas nous causer des problèmes !

— Toujours bon pour la visite ? demanda Michaël, esquivant le sujet. 

— Le commémorateur arrive dans quelques heures. Mais je ne sais pas si je vais te laisser l'accompagner.

— Pourquoi ? s'agaça Michaël.

— Tu es laid. Nos invités ne devraient pas avoir à voir ta tête. 

Michaël souffla, estomaqué par la maturité de Siriniel. Sans répondre, el laissa son ancien ami et se rendit au comptoir. Le hall d'accueil du domaine de Padmilia était rempli par une mer de halos. De nombreux dignitaires arrivaient pour assister au conseil de guerre. Engagés dans de passionnantes discussions, el avançaient doucement vers l'intérieur du domaine. Els n'étaient pas pressés, la session du conseil ne commencerait pas avant une douzaine d'heures. Les invités allaient en profiter pour visiter le palais. Michaël trépigna nerveusement. El dût accueillir les visiteurs avec un grand sourire forcé. Quelques habitués grognons vinrent faire des caprices, mais d'autres vinrent lui remonter le moral. Au beau milieu du hall, Michaël repéra la domination Idiel, l'ancien roi de Hessed. Depuis quelques jours, el observait le jeune Fitzarch sans discontinuer tout en sirotant un thé d'ichor aux bulles d'ambroisie. El seul savait pourquoi.

En voyant ce drôle de spécimen, Michaël eut une idée. El quitta le comptoir et se faufila parmi la foule. El atteignit la domination, qui le sonda encore du regard. 

— Idiel, demanda Michaël. Avez-vous besoin de quelque chose ? 

— Non et toi ? répondit Idiel.

— Que diriez-vous d'une promenade dans les galeries du domaine ? C'est là que Padmilia expose toutes ses trouvailles et curiosités qu'el a trouvées à l'époque des Grandes Croisades ! Tous nos invités peuvent aller les admirer. 

— J'y suis déjà allé, dit Idiel. C'est une galaxie aveuglante. 

— Une galaxie ? Il s'agit simplement d'une sublime exposition. 

— L'autre vous cherche, dit alors Idiel. 

Michaël se retourna. Au comptoir, Siriniel agitait les bras. 

— Reviens ici ! ordonna-t-el à travers le réseau EL des concierges. 

Michaël se résolut à obéir. Quelques minutes plus tard, le commémorateur arriva. Il s'agissait d'une puissance, mais el n'était pas soldat. El était historien, car les puissances étaient aussi les gardiens de l'histoire des élohim. Cela avait commencé dès les premiers millénaires, durant lesquels les puissances inscrivaient leurs faits d'armes dans les annales pour démontrer leur suprématie. Mais depuis, l'expertise des commémorateurs s'était étendue à l'ensemble de l'histoire élohienne. Aujourd'hui, l'un d'entre els venait faire des visites guidées aux invités intéressés. 

— Je peux venir ? demanda Michaël.

— Non, décréta Siriniel. Nous avons beaucoup d'invités à gérer au comptoir. Tu dois rester. 

— Siriniel ! protesta Michaël. Je dois faire cette visite pour me former ! Je vais pas pouvoir conseiller les invités si j'ai pas fait l'expo. 

— C'est non, fit Siriniel, implacable dans sa stupidité. 

— Michaël, appela alors une voix éthérée. Je veux venir. Emmène-moi.

Idiel venait de se pointer au comptoir des concierges. Siriniel ouvrit grand les yeux alors que Michaël sourit à son client habitué. 

— Ce serait un honneur pour moi de vous accompagner, dit el. 

— Pour moi aussi, rajouta le commémorateur. 

— Allons-y alors, décida Idiel.

La domination passa son bras sous celui de Michaël et partit déjà avec le commémorateur pour rejoindre un grand groupe de dignitaires. Siriniel envoya via le réseau EL un message cinglant au jeune Fitzarch :

— À quoi tu joues ? Tu crois que tu peux fraterniser avec les courtiers à ta guise ?

Michaël ne répondit pas. El se laissa guider par le commémorateur et entra avec son groupe dans une des galeries d'exposition du domaine de Padmilia, l'ancien Grand Corsaire.

Lors du Haut-Tikkun, il y a presque dix mille ans, Padmilia s'était lancé, el et ses anges, dans le cosmos de Malkouth pour trouver et coloniser des mondes-fertiles. El n'avait pas été le seul à se lancer dans cette aventure. De nombreux Fitzarch, et aussi des fils du Chanteur Merveille, s'étaient affrontés dans l'univers étoilé pour conquérir un maximum de mondes. Dans leurs voyages et conflits, les Grands Corsaires avaient trouvé de nombreux objets, artéfacts, et curiosités, formant d'incroyables collections. Celle de Padmilia était renommée comme étant la plus vaste et diversifiée. Ainsi, le véritable musée qu'el avait installé dans son domaine occupait une tour entière de son palais, sur un million de mètres carrés. Le commémorateur n'allait pas pouvoir tout présenter en une seule visite guidée de deux heures. Michaël, impatient, croisa les doigts. 

La visite commença dans le pavillon du cosmos. Là étaient exposés des fragments du cosmos de Malkouth. Des flacons de poussière d'étoile : contenant des extraits de plasma lumineux et colorés qui ravissaient les élohim par leur beauté. Il y avait aussi des météorites de tailles diverses : leurs fragments coupés révélant à l'intérieur des minéraux stupéfiants. Dans un grand hall, Padmilia avait installé une planète entière, un astre de roche et de glace couvert de montagnes, de vallées, strié par son activité géologique. Elle ne portait pas la vie mais les élohim pouvaient se poser dessus et vivre une expérience proche de celle du royaume de Malkouth. 

— Pourquoi je suis collé au sol ? demanda Idiel à Michaël, perturbé.

— C'est l'effet de gravité, expliqua Michaël. C'est une des forces fondamentales de Malkouth, qui s'applique à tous les astres là-bas. Elle existe aussi dans les autres royaumes mais elle est bien moins forte. 

— C'est inconfortable ! Je dois faire un effort pour m'envoler.

— Les élohim des mondes-fertiles y sont habitués. 

La visite se poursuivit dans la galerie des vaisseaux. Là étaient exposés les navires célestes qui avaient accueilli les Corsaires et leurs élohim, les transportant de monde en monde dans leur grande exploration. Les pièces exposées rappelèrent à Michaël la collection du capitaine Zinebiel du Domitia. Des fragments de vaisseau en bronze étaient exposés, finement sculptés de motifs décoratifs, voire de figures élohiennes ou animales. Les anges aimaient montrer la splendeur de leurs créatures partout où els le pouvaient. Quoi de mieux que la coque de leur vaisseau pour cela ? Le commémorateur présenta ensuite un compas céleste, qui avait guidé des millénaires durant les Corsaires d'astre en astre, détectant la lumière émise par les âmes des êtres vivants primitifs. 

— Ces compas étaient les objets les plus importants de la croisade, expliqua le guide. Plus le compas était précis, plus vite les corsaires pouvaient atteindre les astres pour les coloniser. Ainsi les compas furent de nerf de la guerre durant la dispute de Laniakea, où notre seigneur Padmilia a trouvé comme rival Chang'el Fitzchan. Les deux Corsaires se disputaient la domination de cette région du cosmos. Bien sûr, c'est notre noble Padmilia qui triompha. Mais c'est cette dispute qui poussa le Grand Architecte à créer la Guilde pour réguler les croisades. 

Michaël, impatient, eut du mal à écouter les paroles pourtant intéressantes du commémorateur. À son bras, Idiel marmonnait :

— Mon ancêtre Quariel a vu l'ultime lumière dans Laniakea. C'est pour ça que les corsaires se sont battus comme des enfants…

Les dignitaires questionnèrent longtemps le commémorateur sur la Croisade de Padmilia, fascinés par cette extraordinaire aventure. Pendant ce temps, Michaël trépignait, regardant tout autour d'el. El repéra alors une grande carte du musée. El s'y précipita. Idiel le suivit sans poser de questions. 

— Seigneur Idiel, je cherche les akshokas. Je sais que Padmilia en expose ici. 

— Non, répondit la domination. Pas au public.

— Sa collection privée est dans la même tour, pas loin, je le sais. 

— Moi aussi je le sais, dit Idiel.

— Pouvez-vous m'y conduire ?

— Tu as peur d'aller au rendez-vous tout seul ? C'est compréhensible…

Michaël ne comprit pas. Quel rendez-vous ? Michaël voulait rencontrer un expert des akshokas, qui existait sans doute au sein de ce musée. Mais aucun rendez-vous n'était prévu. Peu importait, Idiel n'en était pas à ses premières paroles étranges. Les dominations-oracles étaient connus pour leurs délires. 

— Emmenez-moi, demanda le jeune Fitzarch à l'ancien souverain de Hessed.

Idiel décolla soudain à toute vitesse. Michaël le suivit, traversant les galeries du musée en esquivant tant bien que mal les visiteurs. Idiel fonça dans une galerie où était exposé le squelette d'une créature gigantesque. Puis el traversa l'aile de minéralogie, revint dans la galerie du cosmos et décida de se reposer sur la planète exposée. 

— Idiel ! appela Michaël. Où allez-vous ?

La domination ne répondit pas. Michaël observa son visage si fin, gracieux, mignon même. Ses yeux pâles étaient hantés. 

— Seigneur. Emmenez-moi à la collection privée, s'il vous plaît, supplia Michaël. Je pourrais la trouver moi-même mais… Je pense que sans vous je ne pourrai pas y entrer. 

Idiel baissa les yeux, penaud. 

— Que puis-je faire pour vous convaincre de m'y emmener ? demanda Michaël. 

— Faîtes réaménager ma chambre, murmura Idiel. 

Nous avons réaménagé votre chambre trois fois depuis votre arrivée il y a une semaine, voulu répondre le jeune Fitzarch. 

— Je vais mettre ça au sommet des priorités, promit-el plutôt.

— Oh peu importe, soupira Idiel. Je ne voulais juste pas vous voir pleurer, c'est tout. Mais tant pis. Allons-y. 

Idiel sautilla sur le sol de la planète rocheuse, incapable de décoller à cause de sa forte gravité. Après plusieurs essais, el y parvint enfin et entraîna Michaël vers le sommet du musée. El entra dans des pièces bien plus petites que le reste des galeries. Après de longues minutes de marche dans des couloirs labyrinthiques, Idiel fit entrer Michaël dans la salle des akshokas. Ces artefacts étaient exposés là par centaines. 

— Connaissez-vous le Reflet ? demanda Michaël. C'est en emmenant un cristal dans le Reflet que l'on créé des akshokas, n'est-ce pas ? 

Idiel ne répondit pas. El fit volte-face et prit la poudre d'escampette avant même que Michaël ne puisse réagir. C'est alors qu'une voix s'éleva depuis une pièce voisine

— Michaël ?

C'est alors qu'une autre domination entra. Habillée d'une combinaison blanche très élégante, el arborait un carré sophistiqué comme coiffure. 

— Vilanel…

Un rush d'adrénaline frappa le corps du jeune Fitzarch. À son tour, el recula puis fuit.



Dans le salon des corsaires, l'ange patientait seul, les yeux rivés sur un écran de cristal. Dessus était projetée la sublime Sicad, petite planète verdoyante orbitant autour de ses deux soleils. La Sicad que l'ange avait toujours connu. Mais en une animation, l'image changea pour afficher l'état actuel de la planète. Un monde mort, couvert de cendres. L'œuvre du partzuf Nukvah, sainte arme de destruction massive ; et de Tsekali Fitzor, perpétu'aile de la destruction. Des larmes silencieuses coulèrent sur les joues de l'ange. 

— Pomiel ?

L'ange sursauta, se retourna et afficha un grand sourire. Quatre élohim entrèrent dans le salon et saluèrent l'ange, trépignants de joie, en lui donnant de grandes accolades. 

— Ça faisait si longtemps ! Des millénaires ! Oh par EL ! s'émouvaient-els. 

— Comme tu es bien habillé ! s'exclama l'un d'els, admirant la robe de soie pourpre de l'ange. 

Ce dernier sourit. Ces élohim étaient des amis de Pomiel, rencontrés à l'époque de la Croisade du Primogène, il y a près de quatre millénaires ! Dans un vaisseau-monde sponsorisé par Padmilia, els avaient exploré ensemble le cosmos de Malkouth. Lorsqu'el avaient trouvé Sicad, Pomiel avait eu le privilège d'être parachuté sur le trône de la petite planète. 

— J'aurais aimé vous revoir dans d'autres circonstances, avoua l'ange alors que les invités s'installaient dans les divans du salon. Mais je suis tout de même heureux.

— Oh mon pauvre Pomiel, quelle terrible, terrible catastrophe. Ta pauvre planète. Elle était si belle... 

— Un joyau de la Création, soupira l'ange. 

— Ton sacrifice n'a pas été vain. Nukvah a oblitéré la horde à un tel point qu'Oméga a été entièrement épargnée. 

— Ce n'était pas mon sacrifice, corrigea l'ange. C'est mon peuple qui a péri. 

Les élohim échangèrent des regards tristes et embarrassés. 

— Ne t'en fais pas, nous allons témoigner en ta faveur et par la grâce d'EL, tu retrouveras ta place légitime en tant qu'archange-roi. 

— Padmilia ne m'a pas en affection, déplora l'ange. 

— Padmilia a juste besoin d'entendre ton témoignage et el comprendra vite que tu n'as rien pu faire pour éviter ce qui est arrivé ! affirma un des élohim. 

— Ou plutôt, tu as fait le maximum face à une situation sans issue, corrigea un autre. 

— Un archange doit périr avec son domaine, rappela Padmilia.

— À quoi bon se laisser mourir ?! s'indigna un invité. Tu es fait pour régner par pour couler dans l'oubli comme un stupide martyr suicidaire. Ton devoir c'est avant tout de reconstruire Sicad, de redonner vie à ce jardin fertile !

L'ange contempla de nouveau Sicad. De la matière organique façonnable s'y trouvait encore surement. Tant qu'il y avait de la vie, il y avait de l'espoir. Mais il restait un problème. Le Fitzarch. Le Fitzarch et sa preuve destructrice dans son estomac. Une telle coïncidence était impossible. 

Maudit Vilanel...

Pendant ce temps, dans la chambre de l'ange, Michaël essuyait rageusement ses yeux embués. El balança les affaires de Pomiel dans un coin et commença à fouiller. 

— Tu fais quoi ? lui demanda un collègue concierge.

— Je m'assure qu'on a tout, répondit Michaël. 

— C'est pas très respectueux de fouiller comme ça, protesta son collègue.

— On lui fait changer de chambre sans prévenir. Tu ferais mieux de vérifier comme moi qu'on perds rien sinon sa colère sera décuplée. 

— Décuplée ? Non mais ça va. On lui fait un sur-classement, el devrait être content.

Michaël soupira alors qu'el vidait les bagages de Pomiel. La plupart de ses affaires étaient de simples vêtements et des cosmétiques. El était un ange mais pourtant, impossible de trouver ses boules de cristal. 

— Elles sont surement à l'intérieur du coffre, dit le collègue lorsque Michaël exprima sa confusion.

— On peut l'ouvrir ?

— Non.

— On peut pas ouvrir les coffres de notre propre hôtel ? s'énerva Michaël, cinglant. 

— Si mais il faut demander à Siriniel, dit le collègue avant de s'indigner. Il t'arrive quoi ? Pourquoi t'es comme ça là ?

Michaël fourra les vêtements de Pomiel dans son dressing avant de se jeter sur un autre de ses bagages. Là, el trouva des artefacts similaires à ceux exposés dans le musée de Padmilia. Des bouteilles de poussière d'étoiles, des bijoux, et quelques médaillons couverts d'émail vert, portant le nom de Chang'el et à l'arrière, celui de Miel. Michaël possédait un médaillon semblable, arborant le nom et la couleur mauve de Padmilia. C'est alors que son collègue fit une trouvaille étrange.

— Oh ! Des papiers ! 

Michaël bondit et se rua à ses côtés. El saisit les papiers en question et vit qu'il s'agissait de lettres manuscrites. Les élohim ne se servaient jamais de telles choses, sauf dans un cas bien précis.

— Ça doit être des lettres d'azohim ! gloussa le collègue de Michaël. 

Le jeune Fitzarch tenta de déchiffrer leur contenu mais se trouva face à un langage inconnu. Son esprit de vertu appliqua dessus bien des tentatives de déchiffrement, sans succès. 

— C'est quoi cette sorcellerie, grogna Michaël. 

— Je me pose aussi la question, dit soudain Pomiel.

L'ange était là, au beau milieu de sa nouvelle suite. Les mains sur les hanches, el contempla Michaël et son collègue d'un regard meurtrier. 

— Je peux savoir ce que vous faites avec mes affaires ? Et avec mes correspondances privées dans vos mains ?

— Nous voulions juste ranger tout cela pour vous épargner l'effort, annonça le collègue de Michaël, tout sourire.

— Je n'ai pas demandé à changer de chambre, asséna Pomiel, des éclairs dans les yeux. 

— Désolée, notre logistique a connu quelques dysfonctionnements, expliqua alors Michaël, très calme. En compensation, nous vous octroyons une suite Deluxe pour le reste de votre séjour.

— Nous n'avons pas touché à votre coffre, ajouta le collègue. Nous l'avons déplacé. 

— Rendez-moi ça ! s'énerva Pomiel en arrachant les papiers des mains de Michaël. Maintenant dehors !

Michaël et son collègue déguerpirent, mais au dernier moment Pomiel attrapa Michaël par le col, ferma la porte, et balança la jeune vertu au sol. Michaël atterrit sur ses fesses, affolé. 

— C'est quoi votre problème !? s'écria-t-el. 

Pomiel observa le Fitzarch, qui pesta quant au respect de son rang. 

— Un Fitzarch concierge, comme c'est étrange, moqua Pomiel. 

— Que me voulez-vous !? osa Michaël en se relevant. 

— Je vous retourne la question. 

— Rien ! Laissez-moi partir !

— Donnez-moi la boule de cristal, ordonna alors Pomiel. Je sais que vous l'avez, je le sens. 

Michaël secoua la tête.

— Je le remettrai uniquement à mon Père. 

— Comment avez-vous eu cet engin ? Vilanel vous l'a donné n'est-ce pas ? Comment a-t-el pu le trouver ?

— Vous le savez déjà, sinon vous ne m'enverriez pas de cauchemars. 

Pomiel fronça des sourcils, sa rage se diluant dans une confusion. Michaël, voyant cette réaction, cessa de respirer. El recula, gardant son regard perçant plongé dans celui rose de Pomiel. D’un bon, el passa de l’autre côté et franchit la porte, s’enfuyant une nouvelle fois.

— Merde ! s'exclama soudain l'ange, maintenant seul face à son erreur. Par EL, maudit chérubin, maudit Interrac ! Maudit sois-tu Nakirée ! Que le berceau ne te relâche jamais !

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